Je me souviens de cette conversation, c'est moi qui l'avait provoquée :
- J'aimerai m'appartenir, me retrouver, me....
- Mais tu es libre ! Je n'exige rien de toi ! Tu penses ce que tu veux, tu vas où bon te sembles, arrête de parler comme si tu étais prisonnière. Moi j'étais bien avant que tu ne changes. Moi je voudrais que tu redeviennes comme avant, que tout redevienne comme avant.Tu veux me quitter ?
- Peut être faut-il que je te quitte pour trouver la bonne distance.
Oui je me sens prisonnière d'un déséquilibre.
J'aimerai ne pas t'aimer autant pour pouvoir m'éloigner sans m'effondrer, sans avoir le sentiment que je vais disparaître ou tomber dans un vide. je ne veux plus aimer cette peur de perdre.
Je veux l'équilibre et pour ça peut-être faut-il que je me sépare de toi. Là je m'épuise à chercher une issue qui ne fasse de mal ni à toi, ni à moi. Mais elle n'existe pas.
Je me sens unique et je te sens unique et je ne veux ni te réduire, ni m'aliéner pour te faire plaisir ou avoir la paix.
Je veux être moi et je veux que tu sois toi.
Mais là je garde trop souvent une sensation aigre quand je n'arrive pas à me faire comprendre par toi. Je me sens polluée par ma propre insatisfaction. Elle se transforme en colère et ne produit rien de bon.
- je me sens blessé et amer de ne pas savoir te comprendre et j'ai l'impression de n'être rien pour toi, j'aimais ce que tu étais, je n'aime pas ce que tu es devenue.
- C'est bien là le problème. Ce que je deviens "est" tout à fait ce que je veux être ! A savoir enfin moi. je t'ai montré une "fausse" image de moi car je ne voulais qu'être aimée. Or aimer en retour c'est aussi savoir être soi. C'est ce qui fait durer l'amour.
On peux être aimée très facilement en s'oubliant. Et même si la genèse était pure et vraie, je ne peux pas renier avoir voulu m'oublier pour être aimée. Je réalise que s'oublier est fallacieux et ne dure qu'un temps. Ce n'est pas un mal, c'est la vie, de celle qui nous apprends à être dans la vérité.
Bien sûr je suis en transition alors j'imagine que tout ce que je provoque est exagéré. Mais c'est comme dire le plus pour faire comprendre le moins.
Et là au lieu de me faire comprendre, je me sens mauvaise de te décevoir et irritée de te voir te disqualifier pour mieux me culpabiliser. Alors j'hésite, je survis en faisant le yoyo.
Tu confonds ma mise en mots, même maladroite avec une mise en cause de toi. Nous avons joué longtemps au jeu de la victimisation, de l'incompris à jamais, à celui de "plus malheureux que moi, tu meurs"
- Mais moi je veux te crier arrête de nous persécuter avec des mots, agissons, rapprochons-nous, simplifions nous la vie, épouse-moi, viens chez moi, vivons !
- Oui je comprends. J'aime ce que tu dis. C'est beau.
Mais je dois d'abord savoir affirmer qui je suis vraiment afin de ne plus donner de fausse image de moi. Je le sais au fond, qui je suis, je le sens maintenant. Mais j'ai encore peur de m'affirmer en tant que telle. Et tant que je ne saurai pas le faire, tout amour qui m'approchera ne verra qu'un miroir caméléon de ses propres désirs. Et autant dire que dans cette expectative rien ne pourra se construire vraiment
Je me reproche la dépendance qui fut la mienne et qui t'as donné à aimer ce que je ne veux pas être.
Dès les premiers instants, j'ai dit oui à tout ce que tu me demandais. Comme si ce que tu énonçais était le fruit de mes propres désirs.
J'entrais naturellement dans tes bonheurs, tes craintes, tes joies et tes envies comme si elles étaient miennes.
Tu es mon amour pépinière. L'amour qui m'a révélé. Celui qui m'a montré qui j'étais.
Et je voudrais te montrer ce que tu m'as révélé. Mais tu ne le souhaites pas.
Aujourd'hui je suis devenue infidèle à toi pour être fidèle à moi. Pas besoin de sursauter. Je n'ai pas eu besoin de te tromper. Mais ce fut une infidélité à toi encore plus redoutable car je commençais à privilégier la fidélité à moi....
Et si tu dois à nouveau m'aimer, je ne peux pas te cacher que je ne serai pas la même qu'à nos début. Car je serai dans la vérité. Je ne chercherai pas à te plaire pour être aimée
Mais je chercherai à te plaire par ce que je t'aime.